Latin trilogy
Novel by Stéphane d'Arc
Actéon ou l'idéaliste
Vous le dites. Et Actéon vit Diane.
Actéon l'invincible. Actéon le ténébreux.
Ce fut bien des années après Narcisse. Et ma jeunesse, sans nul doute, avait passé depuis longtemps.
Nous savons tous qui était Actéon. Il était le fils aimé de son père, Cadmus, le bâtisseur de notre incomparable cité : Thèbes la magnifique.
Et Actéon était venu pour me raconter un rêve. Un rêve dont je me souviens très bien pour l'avoir moi-même rêvé plus tard.
Mais laissez-moi dire. Moi, je n'avais jamais vu Actéon que de loin. Et le voyant, c'est de la brutalité de son corps que je fus frappé. Mais ce n'avait rien à faire avec sa force et sa stature de titan. C'était de ses mains que transpirait cette brutalité, et de ses yeux ; deux yeux morts, où on ne voyait rien. Décidément rien.
Mais avant qu'Actéon ne parle, je tiens à dire : il circule une étrange vérité parmi le peuple. Elle a atteint aussi les doctes. Il est dit : "Tout passe", comme si cette formule était parole de Dieu. Non. Non, rien ne passe. Par la Vérité.
Rien ne passe. Tout s'éternise en se transformant. C'est ce qui est. Ma bouche ne dit rien autre.
Et c'est ce qu'Actéon va vous dire. C'est ce qu'il dira, Actéon qui ne craignait pas les hommes, Actéon qui craignait le noir, le silence. Son gouffre.