Si l'État est par essence l'interdit...
Stéphane d'ARC (1966)

Si l'État est par essence l'interdit, il est donc aussi la soumission. C'est parce que l'homme est naturellement porté à douter et fléchir qu'il se fond avec tant de volupté dans un système qui le prive de sa liberté, mais surtout qui lui évite de porter lui-même la charge et la responsabilité de son existence.

La réussite est parfaite lorsque l’État – et tout corps de l’État, à savoir l'éducation, la justice ou la science – ne devient pas seulement le garant de la morale, mais la morale elle-même. C'est ici qu'obéir ou désobéir définissent l'être moral et l'être immoral, l'homme bon de celui qui l'est plus ou moins, l’État réalisant ainsi le plus parfait ciment d'une société, séparer le bon grain de l'ivraie.

L’État n'a d'autres voies et d'autres buts que la politisation de tout et rien… c'est-à-dire aussi la moralisation de tout et rien : santé, sphère intime, amour, choix du partenaire amoureux, vêtements, etc. Si l'on rapporte ce que j'ai précédemment dit au préalable, alors dans une société comme expression concrète d'un État, choisir un vêtement, aimer telle personne, agir ainsi ou différemment, est un acte politique donc moral, qu'on le veuille ou non, et qui vous octroiera par conséquent assentiment ou rejet, puisque tout acte se jugera à l'aune de ce qui est interdit.

Réflexions - 2021. © CLE



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